Le Pitch :
Dialogue imaginaire, après les courtoisies d’usage, nos deux compères débattent de sujets aussi graves que la politique, la religion, la liberté, les droits de l’homme, sur la manière de diriger, de manipuler, de faire croire que la démocratie est là….
Marcel Bluwal a librement adapté et actualisé le roman de Maurice Joly qui a écrit ce texte pour fustiger la politique de Napoléon III
Commentaires
Décor très épuré pour laisser place au jeu et à la joute de ces deux acteurs , transparence, lumière immaculée pour deux “oiseaux de paradis”. Montesquieu voit sa quiétude angélique bousculée par l’arrivée inopinée de Machiavel …
Un Clair Obscur, voir même un ” clerc à son corps défendant obscur à l’écoute du facétieux Machiavel !
Sous couvert d’une discussion entre Monstequieu et Machiavel c’est l’occasion de dénoncer le “despotisme moderne” qui est une simple adaptation du régime autoritaire qui régnait à l’époque de Machiavel.
Chacun ne manquera pas d’être interpellé tant ces propos font un écho profond à notre monde actuel …des dérives autoritaires aux véritables flashes d’actualité.. dont un exemple qui ne manquera de parler aux parisiens quand Machiavel annonce qu’à l’avenir, la dérégulation des loyers devra faire en sorte de ne garder dans le centre des grandes villes que les « millionnaires »…..
« Le Prince » de Machiavel doit être sur toutes les tables de chevet de nos politiques, « l’esprit des lois » bien rangé dans leur bibliothèque…
Hervé Briaux est Machiavel, il incarne le cynisme avec une réelle délectation quasi jubilatoire
Pierre Santini est son contradicteur, parfait dans son registre « d’accoucheur » de cette parole machiavélique, de sa voix reconnaissable entre toutes, il interpelle, questionne.
Au delà de la contradiction et de “dissenssions” philisophiques avérées, la complicité de ces deux acteurs ravira et réconciliera les contradicteurs de tout bord !!
Pour Mémoire :
“Coté Clair”
Après son élection à l’Académie française (1727), Montesquieu réalise un long voyage à travers l’Europe (Hongrie, Italie, Hollande, Angleterre), de 1728 à 1731, où il observe attentivement la géographie, l’économie, la politique, les moeurs des pays qu’il visite. De retour au château de la Brède, il accumule de nombreux documents et témoignages pour préparer l’oeuvre de sa vie “l’Esprit des lois” (1748) a rencontré un énorme succès. Etablissant les principes fondamentaux des sciences économiques et sociales, Montesquieu a tenté de dégager la logique des différentes institutions politiques par l’étude des lois considérées comme simples rapports entre les réalités sociales. Il envisage trois types de gouvernement : la république, la monarchieet le despotisme. Il y défend le principe de séparation des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. “L’Esprit des lois” inspirera les auteurs de la Constitution des Etats-Unis de 1787 et ceux de la Constitution française de 1791.
“Coté Obscur”
L’objet du Prince est donc de créer, de fonder un Etat et ce n’est pas un hasard si Machiavel y étudie essentiellement les principautés nouvelles. Or, fonder un Etat est une chose difficile et implique d’être réaliste. Il faut se placer sur le terrain réel. Or la réalité, c’est la violence, la méchanceté des hommes, non que les hommes soient naturellement méchants mais la politique est un terrain de déraison : les hommes y démissionnent par faiblesse et par lâcheté. L’histoire est le règne du hasard.
Pour fonder l’Etat, il faut donc s’imaginer les hommes méchants. Il faudra faire agir les passions mauvaises contre elles-mêmes pour faire naître la société politique. C’est un homme, le prince, qui va tenter de faire de l’agrégat d’hommes violents et ignorants un Etat. Il emploiera pour cela des moyens empiriques. Il sera technicien car la politique n’est pas un savoir mais un art (au sens ancien du terme). Elle suppose de savoir décider et agir au bon moment.
Il faut au prince la virtù qui désigne l’énergie dans la conception et la rapidité dans l’exécution. C’est l’art de choisir les moyens en fonction de la fortune et de dominer ainsi les circonstances. Par elle, le prince va former cette matière qu’est le peuple, en faire un corps politique. Il ne pourra d’ailleurs le faire sans être reconnu par son peuple ce qui lui évite d’être un tyran.
Ensuite, mais ensuite seulement, les hommes pourront constituer une république (c’est l’objet du Discours). Le prince est donc immoral pour rendre un jour la morale possible. Cela n’est possible que s’il garde assez longtemps le pouvoir et c’est pourquoi Le Prince donne les recettes pour conserver ce pouvoir.
Un grand merci à Pierre Santini pour m’avoir accueillie et accorder cette interview
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Informations
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DU 15 SEPTEMBRE 2018 AU 6 JANVIER 2019 – Du mardi au samedi 19h, dimanche 15h
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Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
Auteur : Maurice Joly
Artistes : Hervé Briaux, Pierre Santini
Metteur en scène : Marcel Bluwal