4 bis, rue Grivolas
84000 – Avignon –
Le Pitch:
Messine, Sicile. Don Pedro et son armée reviennent de la guerre. Le jeune Claudio tombe sous le charme de Héro, la fille de Léonato, chez qui ils sont accueillis pour passer l’été. Et puisqu’il faut bien passer le temps, Don Pedro se lance dans un challenge de titan : faire tomber amoureux Bénédict et Béatrice, les deux célibataires endurcis ! Mais cette insouciance est menacée par la jalousie de Don John, le frère bâtard de Don Pedro…
Note Complémentaire
Chez Shakespeare, le langage se révèle être une arme mortelle pour celui qui le maîtrise. Mais si à force de jouer avec le feu en se prenant pour des Dieux, les hommes avaient perdu leur lucidité ? Que faut-il croire désormais ?
C’est d’abord la modernité du propos qu’a frappé Salomé Villiers & Pierre Hélie : une pièce classique dans laquelle c’est la jeunesse qui est sceptique à l’idée de l’amour ! Mais si le sentiment amoureux sert bien de toile de fond, c’est avant tout la comédie humaine qui se joue ici : lutte de pouvoir, guerre des sexes, joutes verbales…
La comédie est joyeuse assurément. Mais elle sait aussi se montrer féroce. Dangereuse. D’un revers de mots, « Madame la rumeur » fait tourner le ciel bleu à l’orage et les réputations sont salies.
Notre Avis
À l’heure où les réseaux sociaux règnent en maîtres, où les “Fake News” envahissent la toile du Web, , où personne n’est à l’abri d’un linchage médiatique, où des enfants sont victimes de harcèlement , les textes de Shakespeare publiés en 1600, n’ont jamais autant fait écho à nos dérives et nos maux actuels. C’est aussi à cela que l’on reconnaît les grands textes, les “classiques” qui ne prennent pas une ride, sont intemporels et universels …. et ” Unis vers celles” et ceux qui leur permettent de résonner aujoud’hui.
Cette comédie dramatique vous happe dans son tourbillon , des clichés qui s’enchaînent, comme des arrêts sur image ( Selfies?…)
Se côtoient, s’entre-mêlent, se bousculent légèreté autant que gravité, rires et larmes, joutes verbales et mots doux…, romantisme, cynisme à la mode “shake” expire, soupire …
On vit pleinement le moment de l’insouciance, de l’urgence, la troupe joyeuse de ces dix comédiens parvient à nous embarquer dans ce grand huit des émotions, du burlesque au drame, de l’emphase joyeuse à la sobriété insidieuse, nous percevons cette soif urgente de liberté qui trouve naissance dans ce contexte de retour de guerre.
Il fallait oser se lancer dans l’aventure du grand classique sur un format “court”, mobiliser une troupe de 10 comédiens sur scène. Salomé Villiers et Pierre Hélie ont relevé le gant avec panache et brio. Belle concorde et alchimie que forment la mise en scène, les costumes , les décors et l’éclairage
Pour conclure : que le public fasse beaucoup de bruit pour porter ce moment théâtre au delà du pont d’Avignon…